Syphax et la rencontre de Siga, co-éditions ENAG/HCA : Le roi diplomate
Syphax et la rencontre de Siga, co-éditions ENAG/HCA : Le roi diplomate
C’est toujours avec une passion jamais inassouvie que l’on aborde la lecture d’un colloque tel que celui organisé par le Haut Commissariat à l’amazighité.
PUBLIE LE : 29-08-2020 | 0:00C’est toujours avec une passion jamais inassouvie que l’on aborde la lecture d’un colloque tel que celui organisé par le Haut Commissariat à l’amazighité. Notre intérêt se décuple dès lors qu’il est question d’une époque glorieuse de notre histoire ancienne.Et pour cause.
Le royaume des Massaesyles (Numidie occidentale) est devenu une grande puissance en Afrique entre la fin du troisième et le début du deuxième siècle avant J.-C. Il avait à sa tête, un puissant roi, Syphax, courtisé par Rome et Carthage, durant la deuxième guerre punique. Conscient de l’importance de son rôle, Syphax exploita habilement cette rivalité en proposant une médiation. C’est la rencontre de Siga en l’an 206 avant J.-C. Ce fut un succès diplomatique incontestable pour Syphax. Le roi berbère avait lancé une sorte de conférence à trois : Scipion le général romain, Hasdrubal, général carthaginois et Syphax dont l’avis ou le soutien était crucial pour les deux parties en conflit.
Le royaume de Syphax s’étendait sur de vastes territoires dans tout l’ouest et le centre de l’Algérie avec Siga comme capitale. L’importance de ce royaume mérite l’attention des chercheurs. L’intérêt porté par les institutions de recherche et les secteurs concernés par la promotion et la valorisation de l’histoire et du patrimoine archéologique de l’Algérie doit être traduit dans les faits par l’organisation de rencontres scientifiques. C’est pour répondre à ce souci d’explication, de vulgarisation, d’enrichissement de la recherche historique que se justifie la tenue de ce colloque qui était appelé à faire la lumière sur la vitalité du royaume des Massaesyles, sa place au sein d’une lutte d’influence et de volonté de puissance de la part de deux empires hégémoniques en Méditerranée, en l’occurrence Rome et Carthage. Une tranche de l’histoire quasi méconnue et mal documentée surtout pour ce qui concerne ce royaume numide. Les vestiges archéologiques dispersés à travers ce royaume constituent un trésor inestimable qui permet de connaître notre histoire et nos origines. Des spécialistes de différentes universités algériennes et étrangères ont débattu de diverses questions historiques en rapport avec ce royaume sous le règne de Syphax et ses successeurs. Le choix du lieu de la tenue de ce colloque n’est pas fortuit. Aïn Temouchent tire son nom de Tamazight. Un toponyme qui est toujours vivant avec son substrat libyco-berbère. Le colloque a mobilisé un panel d’historiens et d’archéologues d’un haut niveau de compétence qui, par leurs communications, ont engagé une profonde réflexion sur une période phare du royaume des Massaesyles. Ce vaste chantier scientifique visait aussi la maîtrise de l’histoire cultuelle, sociale et politique de la période numide. Autant de connaissances que l’on se doit de recueillir afin de combler des lacunes encore existantes au sujet de cette tranche non négligeable d’histoire de l’Algérie, un segment phare de notre personnalité et de notre mémoire. C’est l’ambition que veut concrétiser ce colloque qui soumet aux lecteurs une somme d’études passionnantes à la fois du point de vue des thèmes traités que de la qualité des chercheurs et autres intervenants sollicités. Il serait fastidieux d’énumérer toute la liste des communications inscrites à l’agenda de ce colloque. Mais force est d’affirmer qu’à l’issue d’une lecture stimulante et foisonnante, l’amateur d’histoire ou le scientifique rigoureux trouvent leur compte. Le style des communications est d’une compréhension facile. On n’y rencontre nulle érudition absconse qui aurait certainement découragé le lecteur, mais une série de notes bibliographiques en bas de pages qui orientent le lecteur vers d’autres pistes de recherches si tant est qu’il en éprouve le désir. Un document à lire.
M. Bouraib