L’atelier dédié à la toponymie officielle s’est déroulé au Cercle de l’ANP (Beni Messous) du 9 au 12 Janvier 2024). IL a regroupé, en partenariat avec la SASO (société algérienne savante d’onomastique) des enseignants - chercheurs issus de plusieurs wilayas et spécialités  disciplinaires (linguistique, géographie, anthropologie, littérature, archéologie...). Il ressort que la toponymie, dans sa définition générale la plus usuelle, cible l’étude des noms de lieux dans ses catégories (noms de lieux, de relief, de cours d’eau, de tribus, de rues, d’habitation... est le reflet authentique historique de la société qui l’a produite, ayant un double caractère : patrimonial identitaire et fonctionnel à portée éminemment institutionnel.

A cet effet, il a été relevé le paradoxe suivant : d’une part, la richesse de la toponymie nationale en vertu de l’immensité du territoire, d’autre part, la pauvreté des relevés systématiques.

C’est dire l’importance de cet atelier, dans sa dimension fonctionnelle et opérationnelle la plus productive.

Cet atelier a pour objectif la constitution progressive d’une série de banques de données onomastiques algérienne (noms propres algériens) dans son segment officiel.

L’objectif stratégique est de mettre en place un outil à la fois de description de l’environnement toponymique national officiel et un instrument de gestion institutionnelle (critères normatifs). Elle répondra à des impératifs de gouvernance économique, communicative, politique, culturelle, sécuritaire, juridique, sociale. Le caractère multilingue et plurilingue de la société algérienne, avec deux langues officielles (Constitution de 2020) continue à influer sur la réalisation graphique des toponymes algériens, y compris ceux mentionnés dans les documents officiels.

Les noms de lieux officiels (dépassant les 20 000 dénominations) ont pour la majorité plusieurs réalisations graphiques, que ce soit dans les documents cartographiques, les annuaires téléphoniques, les carrefours de l’information routière ou même dans les atlas géographiques.

L’atelier , à la faveur de la célébration de Yennayer 2974, a orienté ses efforts dans trois directions, qu’il faut saisir dans leurs spécificités et surtout leurs complémentarités, dont il faut gérer la programmation sur plusieurs années, à savoir :

La nomenclature des noms

- un inventaire systématique de la toponymie algérienne répartie à travers tout le territoire national à partir d’un fichier toponymique à mettre en place, en fonction des différents composés d’un toponyme (génériques et spécifiques) qui sont variables d’une région à une autre.

- Une banque de données : chaque toponyme est adossé à une série d’entrées d’identification individuelle :

-          statut de l’entité dénommée (wilaya - daïra, commune), générique (Oued, In, Tin, Ain, Sidi, Douar, Mechta, Taourirt, Qouba, Mqam, etc…

-          correspondance entre les langues : arabe / tamazight – tamazight/ arabe ;

-          écriture officielle (en caractères arabes), écriture de correspondance officielle en caractères latins)…

Livrables

Ce travail descriptif permettra de réaliser, sur une programmation pluriannuelle, les livrables suivants :

A.    Une base de données multifactorielles à mettre à la disposition des institutions nationales permettant l’identification et le repérage de tout lieu en toute rapidité et sécurité, en dépit de la multiplication des écritures (version papier et numérique).

B.      Une plate-forme numérique à la disposition aussi bien des institutions que du grand public (référence nationale officielle de la nomenclature algérienne des noms de lieux).

C.     Une cartographie nationale de la toponymie algérienne (noms les plus fréquents, domaines sémantiques, souche linguistique, la fréquence d’emploi des toponymes les plus récurrents, les formes homonymiques les plus représentatives…

D.    Une étude : une analyse systématique des pratiques d’écriture (transcriptions graphiques) des noms propres algériens (noms à 1, 2, 3, 4 et plus écritures) ainsi que la ventilation géographique des dysfonctionnements graphiques.

E.      La contribution à l’élaboration d’une politique nationale de normalisation des noms de lieux en Algérie et à la mise en place d’un système de transcription/translittération des noms propres algériens de lieux.

Le présent projet apportera une valeur ajoutée certaine par les implications fonctionnelles et opérationnelles en rapport avec la gestion des dispositifs institutionnels liés à la gestion des données spatiales à l’échelle nationale (sauvetage, sécurité, aménagement, cadastre, etc.) et leurs bénéfices sur le plus identitaire et identificatoire.

 

Cadrage politique, méthodologique et technique

-          Relevé systématique et numérique de tous les toponymes officiels algériens, contenues dans la nomenclature nationale des noms des lieux habités (décret N°304 / 1984, Loi no 15-140 du 27 mai 2015l’ordonnance n° 21-03 du 11 Chaâbane 1442 correspondant au 25 mars 2021

-          Relevé à partir du code postal ;

-          Définition et concepts opératoires de la toponymie officielle ;

-          Description linguistique de la toponymie officielle : noms simples, noms composés…

 

Contraintes matérielles

·         Difficultés techniques relatives à la constitution matérielle du corpus pour son exploitation à: conversion des listes PDF en fichier Excel.

·         Le corpus national sera soumis à :

-          un mode de traitement de type quantitatif, de statistique lexicale, basée sur les toponymes les plus récurrents et leur degré de fréquence ;

-          une approche explicative, portant sur la signification des séries toponymiques recensées (sémantique) ;

-          une application collective d'un logiciel de gestion de base données spatiales (Arc Gis), adossé au SIG (Système d’Information Géographique) par tous les membres de l'unité de recherche.

 

 

RECOMMANDATIONS

Les participants à l’atelier méthodologique de constitution de bases de données de la toponymie officielle algérienne recommandent ce qui suit :

- Elaborer une stratégie pluriannuelle fondée sur une approche systématique et progressive du fonctionnement du système toponymique de l’Algérie, en mettant à la disposition des chercheurs la nomenclature officielle des noms de lieux (JORA et code postal).

- Créer au niveau du HCA une cellule technique chargée de la saisie informatique des différents démembrements lexicaux, syntaxiques et graphiques qui seront élaborés par les différents membres de l’Atelier « Toponymie ».

- Inscrire l’étude de la Toponymie algérienne comme axe prioritaire de recherche à l’effet de valoriser les résultats de recherche et de les réinvestir institutionnellement dans le champ de la communication administrative, économique, sociale, culturelle...

- Assurer de manière méthodique la continuité des travaux de l’Atelier toponymique par l’organisation de plusieurs séminaires de formation et de restitution de résultats sous forme de livrables : glossaire des noms génériques, glossaire des noms spécifiques, nomenclature des homonymes, tableau des variantes graphiques, tableau des conversions graphiques (arabe/ amazigh ; amazigh/ arabe), tableau de conformité par rapport aux standards internationaux (ONU).

- Rendent hommage aux responsables du HCA pour l’intérêt qu’ils accordent à la portée nationale onomastique (étude scientifique des noms propres) dans sa dimension linguistique, géographique, historique, économique.