Lors du colloque organisé par le HCA les 21-22 et 23 septembre 2010 à Boumerdès sur « La standardisation de l’écriture amazighe », tous les participants, universitaires, spécialistes en langue et culture amazighes, praticiens, inspecteurs et enseignants de tamazight s’accordaient à exprimer la nécessité de réaliser une grammaire scolaire. Ce travail s’inscrit dans le processus de la standardisation de tamazight, pour servir de  référentiel  et d’outil pédagogique aux enseignants de tamazight notamment, pour une meilleure maitrise de la langue en vue d’acquérir les compétences : Lire - Ecrire - Ecouter - Parler.
Plusieurs grammaires ont été proposées depuis des décennies voire depuis au moins deux siècles, en Algérie comme au Maroc. Les travaux de Hanoteau.A, « Grammaire kabyle »1858 et « Grammaire Tamachek » dont la préface est datée de février 1859 à Draa El Mizan Boulifa(M.S), « Une première année de langue kabyle –dialecte zouaoua- à l’usage des candidats à la prime et au brevet de kabyle » Alger, A. Jourdan 1897 et « Méthode de langue kabyle, cours de deuxième année»,A Jourdan, Alger 1913  ; Mouloud Mammeri « Tajerrumt n tamazight : tantala taqbaylit » Paris, Maspero (1976), et « Précis de grammaire berbère  -kabyle- », Awal, Paris 1986 (première édition ronéotypée, université d’Alger 1967) ; Nait Zerrad Kamal « Grammaire moderne du Kabyle »  éditions KARTHALA, 2001 » ; Hamimi Gaya, «  Grammaire et conjugaison amazigh » (1997) ; Sadiki Fatima de l’université de Fès « Grammaire de Berbère » première édition 1997. Un collectif de chercheurs de l’IRCAM « La nouvelle grammaire de l’amazighe » paru en 2008 ; Toutes ces grammaires sont différentes les unes des autres de part les parlers traités  mais aussi  dans la conception, la méthode, la présentation selon les objectifs qui leurs sont assignés et le(s) public(s) au(x)quel(s) elles sont destinées. Outre les fondements théoriques et de la terminologie à proposer, nombre de questions devront être posées et traitées lors de cette rencontre.  Les travaux sur la grammaire  doivent, bien entendu, se départir des manquements de la grammaire traditionnelle et de ses échecs répétés en milieu scolaire, décriés par beaucoup d’experts en la matière. Celle-ci « ne permet pas de créer, puisqu’elle empêche de se figurer le système de la langue et d’en déceler les véritables rouages (…) où force est de constater (…) qu’on ne perçoit parfois plus le lien entre la langue que l’on parle et celle que l’on apprend dans les référentiels grammaticaux (…). « Si les exercices ou la  réflexion grammaticale doivent contribuer à l’acquisition d’une compétence au départ inexistante dans l’enseignement d’une langue étrangère et que l’enseignement de  la grammaire doit répondre à deux critères essentiels : économie et rentabilité ; l’enseignement de la grammaire en langue maternelle a pour fonction reconnue d’améliorer les performances de l’élève » « Dans la conception des grammaires nouvelles pour langues maternelles, il faut s’atteler à rendre du sens à l’analyse de la langue, de mieux cerner les assortiments phrastiques et des tressages langagiers du quotidien pour mieux en saisir le fonctionnement, en permettre un décodage plus systématique et inversement de donner des outils pertinents et permettre un encodage plus conforme aux intentions du locuteur. Il ne s’agit pas de prétendre faire découvrir leur langue aux natifs qui la connaissent et la pratiquent mais bien de les mettre à distance réflexive de cet objet afin de leur faire appréhender le système qui la régit. »  Extrait de « Le sens grammatical, Référentiel à l’usage de l’enseignant ;  université libre de Bruxelles ; 2007 de Dan Van Raemdouck et Marie Detaille (Résultat d’une recherche menée à l’ULB, financée par le Ministère de la communauté française) En somme, intégrer dans le référentiel tout ce qui, dans la grammaire, concourt à la construction du sens et rendre explicite les règles de fonctionnement aux niveaux phonétique, graphique, morphologique et syntaxique pour en fixer les usages grammaticaux. Un référentiel qui reflétera un système inhérent à la langue, qu’il convient d’identifier, de comprendre et de nommer en consacrant l’étude de classes de mots, l’analyse syntaxique de la phrase, la conjugaison et la logique de l’accord dans la recherche de la cohésion des productions langagières orales et écrites. Quelle grammaire pour l’enseignement de tamazight ? Une grammaire amazighe englobant toutes les variantes dont le fond commun constitue la base de la koinè amazighe, et dont le fonctionnement témoigne de l’unité profonde de cette langue, attestée dans diverses variantes régionales ou bien une grammaire pour chaque variante ? Toutes les grammaires précitées sont rédigées et expliquées en langue française  mais lors de cette rencontre,  l’objectif est de convaincre les spécialistes, de la nécessité de s’inscrire dans la ligne progressive d’enseigner tamazight en tamazight,  expérience amorcée dans les Départements de Langue et Culture Amazighe (par l’enseignement de certains modules en tamazight) et au HCA( édition exclusivement en tamazight de la revue : « Tamazight tura » et publication prochaine de « Illugan n tira » en tamazight à la suite des recommandations  du colloque sur la « Standardisation de l’écriture amazighe «  à base du caractère latin, qui s’est déroulé à Boumerdès en 2010, et mettre à la disposition des enseignants, notamment, des supports pédagogiques en accord avec ce qui se fait sur le terrain de l’enseignement des langues maternelles et partant pour ce qui est de l’enseignement de tamazight de l’expérience des enseignants articulée à un travail de réflexion. Un appel d’offre pour la réalisation d’une grammaire  référentielle, selon les recommandations qui découleront de la rencontre après confrontations des idées  et débat, sera lancé aux participants. A télécharger : :: Problématique en tamazight (tamukrist) [PDF, 123 ko] :: Programme du symposium [PDF, 136 ko]