Argumentaire :
La création lexicale est inscrite dans le dynamisme naturel de toutes les langues naturelles. La création des nouveaux termes se justifie souvent par le besoin mais aussi pour rester dans l’âme de la langue elle-même. L’enseignement d’une langue implique nécessairement l’élaboration d’une terminologie grammaticale, jadis inexistante, pour rendre des concepts grammaticaux spécialisés avec des dénominations transparentes moins opaques qui peuvent être reçues et acceptées par les usagers dans le domaine scolaire et/ou universitaire.
Historiquement, la terminologie grammaticale constitue la première manifestation de l’activité terminologique moderne dans le domaine berbère. Le lexique grammatical (un peu plus d’une centaine de termes) contenu dans
Tajerrumt n tmazight…, de Mouloud Mammeri publiée en 1976 en est le point de départ. Il sera suivi, tout au long des quarante années écoulées, par de nombreuses publications :
le lexique de l’éducation (Belaïd, 1993),
lexique de la linguistique (Berkaï, éd 2007 et 2009)
le vocabulaire grammatical (IRCAM, 2009),
Vocabulaire grammatical de l’amazighe. Application phraséologique (IRCAM, 2011), etc. Aussi, la terminologie est-elle aujourd’hui le domaine le mieux investi dans l’ensemble des études berbères portant sur la lexicographie spécialisée. La terminologie grammaticale, en raison de son importance, a fait l’objet de nombreux travaux de recherche. Des rencontres universitaires et des colloques lui sont consacrés. La défense et l’illustration de la langue à travers les grammaires bilingues ou unilingues (Hanouz 1968, Mammeri 1976), l’intégration de tamazight dans l’enseignement universitaire (1990) et les systèmes éducatifs algérien et marocain en sont, sans doute, les principaux moteurs.
Mais pour appréhender ce phénomène, il faut remonter au XIX
e siècle. Les descriptions linguistiques, entamées par des missionnaires et explorateurs européens avant d’être poursuivies par des grammairiens et instituteurs autochtones, ont fini par déclencher un processus d’outillage de la langue dont l’étape ultime est d’aboutir à des grammaires berbères en berbère. De nombreuse grammaires et manuels datent de cette époque (Hanoteau, 1858, Ben Khouas 1881, Basset 1887, Ben Sedira 1887, etc.). Donc il y eut d’abord une accumulation des connaissances sur la langue berbère rédigées en français avant qu’un mouvement d’amazighisation se profile vers la fin des années 1960. Or l’amazighisation du savoir grammatical (et de son enseignement) ne peut se faire sans une terminologie adéquate. Ce fait à lui seul explique l’intérêt porté à la terminologie grammaticale dans l’ensemble de la lexicographie spécialisée berbère.
Malgré une certaine vitalité de l’activité terminologique se rapportant à la grammaire et à la linguistique, l’absence d’instances ou d’organismes officiels de normalisation dans ce domaine a eu des effets négatifs sur les produits terminologiques et leur diffusion et le déficit en matière lexicale est flagrant. L’unification de la terminologie grammaticale, son harmonisation et son implantation dans les différents milieux reste encore à faire. Une terminologie non unifiée accentue davantage la dialectalisation et le morcellement des variétés de tamazight et participera davantage à la dispersion des groupes amazighophones.
Ce travail s’inscrit dans le processus de la standardisation de tamazight entamé depuis quelques décennies et auquel le HCA apporte sa contribution pour offrir un cadre de travail et de réflexion à tous les chercheurs dans ce domaine pour optimiser le développement de la langue amazighe et œuvrer dans le cas de ce symposium à la convergence dialectale et à la consolidation des liens entre les variétés de tamazight.
En effet, après la rencontre de Boumerdès les 21, 22 et 23 septembre 2010 portant sur « La standardisation de l’écriture Amazighe », tous les participants universitaires et les praticiens de cette langue avaient proposé une rencontre sur la grammaire référentielle de tamazight. Il s’agissait, en fait, de débattre des grandes lignes d’orientation nécessaires à la rédaction d’un ouvrage pédagogique. Cette rencontre a eu lieu, les 17-18 et 19 octobre 2011 à Zeralda. Les débats ont mis en lumière certaines lacunes concernant l’utilisation du lexique grammatical : des disparités d’usage ayant été observées. C’est alors qu’une autre thématique s’est imposée à l’ensemble des participants, celle d’une unification de la terminologie grammaticale. Un axe qui servira à la rédaction de la grammaire référentielle dont un appel à manifestation d’intérêt pour sa réalisation dans le cadre de recherche contractuelle a été lancé.
L’urgence de l’unification de la terminologique s’impose donc, en Algérie comme au Maroc pour :
- une meilleure promotion de la langue tamazight ;
- un rapprochement entre les variétés amazighes et tisser des liens entre les amazighophones ;
- renforcer et consolider l’amazighisation des enseignements à l’université (aux départements de langue et culture amazighes (Tizi-Ouzou, Béjaia, Bouira) ;
- mettre à la disposition des enseignants et des apprenants de tamazight un outil pédagogique complet.
Pour débattre de toutes les questions inhérentes à cette thématique choisie, une rencontre sera organisée du 24 au 26 septembre 2012 à Zeralda. Les interventions s’articuleront autour des axes suivants :
- inventaires des travaux se rapportant à la terminologie grammaticale (glossaires, lexiques, grammaires, manuels) en vue de constituer une bibliographie générale.
- étude critique des différentes terminologies grammaticales proposées pour le tamazight (aspects morphologique, sémantique, sociolinguistique, etc.)
- définition des sous-domaines en fonction des besoins et des secteurs spécifiques où intervient la terminologie grammaticale.
- diffusion et implantation de la terminologie grammaticale.
- montrer les perspectives qui s’offrent aux chercheurs pour la concrétisation de ce travail.
- L’objectif est de convaincre les spécialistes, de la nécessité d’unifier la terminologie grammaticale tout en s’inscrivant dans la voie d’enseigner tamazight en tamazight.
Lieu : Boumerdès (Algérie)
Date : 26, 27 et 28 septembre 2012
Durée : 3 jours
Accréditation : 25 septembre 2012, Après-midi
Date limite d’envoi des propositions (résumés) :
31 juillet 2012
Notification d’acceptation : 16 août 2012
Contacts :
Tél. : 213 (0)21 63 59 05
E-mail : cherifabilek@yahoo.fr