Le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) innove en organisant Souk Yennayer à Alger pour célébrer le nouvel an amazigh 2974 à partir du 9 janvier 2023.
Si El Hachemi Assad,  secrétaire général du HCA, a précisé, lors d’une conférence de presse, organisée ce mardi 2 janvier au Club Aissa Messaoudi, au siège de la radio nationale, que ce marché de huit jours aura lieu à la Place de la Grande Poste à Alger pour célébrer le patrimoine et l’artisanat algériens « dans toutes leurs richesses ».


« Il s’agit aussi de faire du marketing culturel. Les ambassadeurs accrédités à Alger sont invités à visiter ce souk. Cinq start ups y seront présentes pour la première fois. Il s’agit de mettre en valeur notre patrimoine », a-t-il dit.
Le souk de Yennayer, conçu comme un village, aura deux portes, Tassili et Atlas, un carré réservé à une trentaine d’artisans, une espace pour les activités artistiques et la vente d’ouvrages, un four pour cuire du pain traditionnel et une kheima targuie. « Le souk yennayer rassemblera l’authentique et le moderne. Il s’agit d’évacuer les célébrations folkloriques de Yennayer », a noté le SG du HCA.

 


 « Yennayer, trésor culturel authentique et un élément rassembleur pour le développement durable » est le slogan choisi cette année pour les festivités officielles du nouvel an amazigh, prévues entre le 9 et le 11 janvier 2023. Outre l’ouverture du Souk Yennayer, le premier jour, un opération de reboisement est prévu à la forêt de Bouchaoui (ouest d’Alger), avec la participation de 500 enfants et adolescents, et le lancement des ateliers de formation au niveau du Cercle National de l’Armée (CNA) à Beni Messous.


« Une banque nationale des noms géographiques »

Encadré par Leila Benaïcha, enseignante universitaire, le premier atelier aura pour thème : « le rôle de la traduction dans la diffusion des travaux littéraires et la production scientifique ou technique en langue amazighe ». Le deuxième atelier sera consacré à la méthodologie d’institution « d’une banque nationale des noms géographiques officiels », encadré par Ali Boucherit, géographe.


Si El Hachemi Assad a précisé que les deux ateliers, qui vont rassembler quatre-vingt participants, seront conclus avec des recommandations qui seront « la feuille de route » du HCA en 2024. Il a rappelé la création, en 2023, d’un laboratoire de traduction amazigh-arabe-amazigh au niveau des universités de Tizi Ouzou et Béjaïa, et le lancement, en 2022, de la Société savante de l’onomastique (étude des noms propres).


Un colloque est prévu, au même endroit, le mercredi 10 janvier, avec l’ouverture officielle des célébrations du Yennayer 2974. « Yennayer, lecture dans les dimensions historiques et culturelles de l’identité algérienne » sera le thème de la première conférence, animée par les enseignants Hadj Ouhmena Douak (Université de Batna) et Noureddine Djouadi (université d’El Oued).


« L’avant projet d’un Atlas des langues en Algérie » fera l’objet de la seconde conférence du programme avec le linguiste Ramdane Touati et l’historien Youcef Kasmi. La troisième conférence sera consacrée aux prix littéraires, animée par Abderrezak Boukeba, avec la participation des auteurs primés : Abdellah Keroum, Abdelwahab Aïssaoui, Aicha Bouiba, Amina Benbatta, Zahia Mancer et Khaled Fertouni.


Cinq personnalités scientifiques et culturelles seront honorées par le HCA « en signe de leur reconnaissance de leurs efforts dans la promotion de tamazight ». Il s’agit de Saïd Zamouche (Oran), Abdelmadjid Cheboub (Tlemcen), Hadj Ouhmena Douak (Batna), Abderrahmane Djouadi (El Oued) et Ali Lounis.


3744 enseignants de tamazight en Algérie« 

Le HCA a fourni un grand effort en 2023 avec l’édition de nouveaux titres. Nous avons traduit cinq nouveaux ouvrages de l’arabe vers le tamazight avec le soutien de l’ONDA (Office national des droits d’auteur et des droits voisins). L’amazighité à l’école est un axe central de l’action du HCA depuis 1995. Vingt-huit ans après, il s’agit de consolider la présence de la langue amazighe dans le système scolaire. Nous avons fait de grands pas. Pour la première fois, le ministère de l’Education nationale nous a fourni des statistiques sur le nombre d’enseignants et sur celui des scolarisés en tamazight », a annoncé le SG du HCA.
Selon ces données, le nombre d’enseignants de tamazight est actuellement de 3744 répartis sur  43 wilayas.


« Il y a toujours quelques problèmes pédagogiques. Notre méthode est de généraliser graduellement l’enseignement de tamazight. Chaque année, le nombre d’enseignants et d’élèves doit augmenter et s’étendre sur le plan géographique. Jusqu’à 2023, nous n’avons pas encore consacré la dimension nationale de tamazight. Dans certaines wilayas, l’enseignement de tamazight est symboliquement présent. La langue tamazight est toujours considérée comme une matière facultative à l’école. C’est devenu un prétexte pour ne pas enseigner cette langue. Nous travaillons en coordination avec le ministère de l’Education nationale pour prendre en charge les problèmes posés », a-t-il souligné en évoquant l’existence de « résistances » au sein de certaines institutions et associations pour « la généralisation de l’enseignement de tamazight ».


Les dispositions de la Constitution doivent, selon lui, être traduites sur le terrain. « A charge au ministère de l’Education d’établir un plan de généralisation de tamazight dans le système scolaire à tous les paliers à commencer par le primaire. Sans ce plan, nous ne pouvons pas avancer Nous sommes partenaires de ce ministère. Dans certaines wilayas, les directeurs de l’éducation traitent la question de l’enseignement de tamazight, selon leurs humeurs. Il est temps que le ministre de l’éducation fasse une instruction pour codifier l’enseignement de tamazight », a-t-il souligné. Il a parlé de l’amélioration du programme pédagogique d’enseignement de tamazight avec l’introduction de tous les variants (mozabite, targui, kabyle, chaoui, tachelhit, etc) et des textes d’auteurs algériens.


Il a indiqué qu’il existe actuellement cinq départements de langue et de littérature amazighes au niveau des universités à Béjaïa, Tizi Ouzou, Batna, Bouira et Tamanrasset. Certains centres universitaires, comme ceux d’El Bayadh, de Tindouf et de Chlef, travaillent, selon lui, en étroite collaboration avec le HCA, notamment, pour la préparation de colloques scientifiques.


Généraliser le dîner de Yennayer à tous les hôtels

Il a annoncé qu’actuellement 27 radios diffusent des programmes en tamazight avec des volumes horaires « qui restent faibles pour Chlef et Ghardaïa, par exemple ». « Nous avons élaboré une fiche technique pour la création d’un journal électronique en tamazight sur fonds publics », a-t-il noté. Le HCA travaille avec le ministère du Tourisme et de l’Artisanat pour la généralisation du dîner de Yennayer à tous les hôtels du pays (la soirée du 11 janvier de chaque année).


Si El Hachemi Assad a annoncé que la cérémonie d’attribution du Prix du président de la République pour la littérature et la langue amazighe, qui est à sa 4ème édition, aura lieu le jeudi 11 janvier, à partir de 11 h, au niveau du Palais du Peuple, à Alger.