Le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) célébrera comme à l’accoutumée le Printemps amazigh, coïncidant avec le 20 Avril de chaque année, dans le même état d'esprit, de détermination et de sérénité dans l’honneur hérité, la fierté ancestrale et l’enthousiasme mesuré, l’espoir conquérant et le dynamisme habituel.

La commémoration de cette année, sous le signe de la consolidation des acquis, s’inscrit dans un nouveau contexte et cadrage officiel constitutionnel où Tamazight se positionne comme un des leviers de l'unité nationale, un paradigme de l'intégrité territoriale et sa défense, un pilier de la cohésion sociale du pays et sa consolidation.  L'aboutissement combatif de ce processus fondateur agira certainement pour asseoir et confirmer définitivement la place centrale de l’amazighité, aux côtés des autres constantes de la Nation.

Pour le HCA, la date symbole du 20 Avril reste un marqueur distinguo et un catalyseur d'aspiration de l’élément identitaire amazigh, légitimée par l'écrasante majorité des citoyennes et citoyens algériens. Elle constituera désormais le creuset d'une victoire d’étape déterminante, arrachée de haute lutte et confortée par une volonté politique des hautes autorités de l’Etat en restituant à Tamazight la place prépondérante qu’elle occupe dans l’histoire de notre pays depuis la nuit des temps.

A cette occasion évocatoire, le HCA dans l'objectivité requise, constate résolument la décrispation des mentalités suscitées par l’action citoyenne et l’engagement du Président de la République pour la promotion et la valorisation de la langue et de la culture amazighes, en l'inscrivant de manière résolue, définitive et pérenne comme objectifs et actions relevant de la Politique de l'Etat algérien.

La vision d’aujourd’hui incarne le nouveau cap des futures missions institutionnelles de Tamazight à ériger sur la base d’un socle de références nationales et d'enracinements historique, linguistique, social et spirituel commun aux Algériens, adossée à l’unité de la Nation, arc-boutée à la force de la diversité de ses parcours identitaires. Elle se situe loin du champ politique   pour s’orienter définitivement vers la recherche, la réflexion et la production littéraire, scientifique, culturelle et artistique. Le temps est venu pour valoriser ce long processus d’accumulation scientifique et culturel engrangé depuis des années en vue d'amorcer la dynamique d'affirmation de tamazight dans sa dimension académique la plus féconde en la propulsant vers la modernité.

Le HCA est au cœur de l’action institutionnelle en faveur de l’édification de la nouvelle étape résultant de l’officialisation de Tamazight comme langue nationale et officielle.  Une étape à marquer d’une pierre blanche car, aujourd’hui, les Départements de Langue et Cultures amazighes des universités algériennes ont formé des milliers d’enseignants et de chercheurs auprès desquels les institutions de l’Etat trouvent des experts à même de contribuer à la valorisation du patrimoine culturel et civilisationnel amazighs. Un patrimoine qui reste encore à en collecter les matériaux, à fleur de terre et de temps, à le sauver de l’oubli à travers la vastitude de son territoire et l'historicité de son peuplement.

En termes de perspectives, le HCA considère que l’effective officialisation de Tamazight doit se traduire par une série de mesures d'une portée institutionnelle historique, dont fera partie l’amendement de l’essentiel des dispositions de la loi organique N°18-17 du 2 Aout 2018.Cette dernière reste limitée à la simple et restrictive création d'une Académie Algérienne de la Langue Amazighe. Or le dispositif juridique idoine doit être plus large, lié à la promotion de Tamazight, sa généralisation graduelle et planifiée touchant plusieurs départements ministériels et secteurs de l'activité nationale. 

Il en est de même des amendements de plusieurs lois dont celle relevant du Ministère de l’Education Nationale (Loi d’orientation sur l'éducation nationale N°08-04 du 23 janvier 2008), qui continue à figer depuis presque 30 année, le caractère facultatif de l’enseignement de tamazight à l’école. Une disposition qui continue encore à surdéterminer « la demande sociale » comme condition sine- qua- non pour l’octroi de postes budgétaires pour l’ouverture de nouvelles classes, avec toute l’ambigüité politique et l'ambivalence opérationnelle que dénote cette conception de Tamazight comme statut de "langue nationale et officielle" du point de vue constitutionnel et "matière facultative" du point de vue scolaire.

Sur cette question focale de l’enseignement de tamazight à l’école ainsi que sur d'autres segments de sa présence et son intervention dans tous les champs de la communication sociale et domaines de la vie publique (enseignement, formation, recherche, environnement, état civil, toponymie, signalétique dénomination officielle, information, média, etc.), il  est temps de débattre des problèmes de fond par une approche systémique, fondée sur les agencements institutionnels, les données juridiques, les aspects pédagogiques, les articulations techniques. L'objectif est de consolider qualitativement et quantitativement l'officialité de cette disposition constitutionnelle, de la généraliser à travers tout le territoire national, sans improvisation et loin de tout volontarisme et ce, au travers de processus de mise en œuvre bien établis et de modalités de son incorporation quantifiables et évaluables, dans tous les domaines prioritaires de l'activité publique.

 

             

Secrétaire Général du

Haut Commissariat à l'Amazighité

 

Si El Hachemi ASSAD