La salle Ali-Mâachi du palais des expositions Safex a consacré, avant-hier, une journée dédiée à l’Amazighité. Cet évènement a été organisé par le Haut Commissariat à l’Amazighité en présence des ministres de la Culture Azzeddine Mihoubi et de la Communication Hamid Grine, dont des romans -ils sont tous les deux auteurs- ont été récemment traduits en langue amazighe. M. Azzeddine Mihoubi a déclaré sa joie de voir son roman «Tassilia» traduit en Tamazight, il a avoué qu’une première expérience de traduction non fructueuse a été faite en 2010. «La deuxième tentative du HCA a porté ses fruits». Son roman, qui raconte l’épopée de la Numidie, a été traduit en français en 2007. Hamid Grine, auteur de «La Nuit du Henné», publié en 2007, s’est lui aussi dit très heureux de voir son livre traduit en langue tamazight. Il est revenu sur sa carrière littéraire qui a débuté avec «La Dernière Prière». Selon lui, «La Nuit du Henné» repose, en partie, sur son expérience personnelle, vécue dans une station balnéaire, en Tunisie. Hamid Grine en compagnie de son traducteur Tahar Boukhenoufa ont lu des extraits de cette œuvre. A la fin de ces croisés littéraires, les deux ministres ont été honorés par le HCA. Dans son discours d’ouverture, Si El Hachemi Assad le secrétaire général du Haut Commissariat à l’Amazighité a évoqué l’expérience prometteuse mais non encore terminée du HCA pour la valorisation de la langue et la culture amazighes. Pour sa part, la chanteuse et auteure, compositeur Nora At Brahim a présenté son livre intitulé «Les berceuses algériennes de la Kabylie», édité par Voir par le Savoir et coédité par el HCA. L’artiste a confié que l’ensemble des chansons kabyles répertoriées est le fruit de souvenirs émouvants racontés, par sa mère et ses tantes. L’évènement s’est poursuivi avec une lecture croisée de quelques extraits traduits en tamazight de l’œuvre de la célèbre chanteuse kabyle Taos Amrouche, «L’Exil et la mémoire», entre l’écrivaine Djoher Amhis qui a lu les passages en français suivie de l’universitaire Abdenour Abdessalem qui a pris la version en tamazight. Par ailleurs, Madame Amhis Ouksel est revenue brièvement, mais avec un sens pédagogique accru, sur l’engagement et la production littéraire de Taos Amrouche. L’après-midi s’est caractérisée par la présentation des nouveaux lexiques de l’année 2016, publiés par le HCA. L’auteur Samir El Arifi a dévoilé les grandes lignes de son tout dernier ouvrage intitulé «Tamazigh de l’Atlas blidéen». Il aura fallu cinq années de recherche pour que l’auteur élabore son ouvrage, qui indique que la région atlasienne est composé de 14 confédérations avec le même lexique de base, mais avec certaine différence. «Il faut travailler davantage autour de tamazight vu que notre parlé est mourant. Les derniers monologues sont partis. Ils restent, encore, de parfaits berbérophones, mais ils se font de plus en plus âgés», a-t-il déploré. De son côté l’universitaire Mohamed Salem Benzaïd de Timimoun est revenu sur sa dernière publication «Amawal n tmazight-Taznatit». Ce spécialiste a répertorié en compagnie de son épouse tous les mots en taznatit qu’il a introduit dans la langue amazighe. Il explique que ce livre préserve cette langue. Il évoque la disparition des us et coutumes du Gourara, alors que les chants de Ahellil, classé en 2005 par l’Unesco, sont chantés en taznatit. Les chercheurs et les étudiants ne trouvent pas de nos jours de livres de référence, a-t-il indiqué. Pour sa part, Nora Tigziri, professeure au département de langue et de la culture amazighes et directrice du laboratoire d’Aménagement d’Enseignement de la langue amazighe, a développé la problématique de la base de données numérique de la terminologie de spécialité en tamazight. L’auteur Mohamed Sari accompagné de l’enseignant en langue tamazight Habib-Allah Mansouri s’est prêté, à son tour, à une lecture croisée d’extraits de son roman intitulé «El Kilaâ el moutaakila» (les citadelles érodées).

Trois applications mobiles pour l’enseignement de la langue amazighe

Trois projets ont été dévoilés suite à cette journée sur l’Amazighité, par le directeur général de BMS informatique et concepteur d’applications mobiles pour l’enseignement de la langue amazighe, Karim Ould Oulhadj. En premier lieu, l’application sur Smartphone «Azul» lancée au Sila 2015 a été dévoilée. Le deuxième projet repose sur un dictionnaire monolingue amazigh avec des fonctionnalités spécifiques. Le troisième projet consiste à élaborer un corpus amazigh. Il s’agit d’un clavier disponible pour l’instant en prototype avec un pilote d’installation selon ce spécialiste. «Nous pouvons utiliser ce clavier pour écrire tamazight soit en latin soit en tifinagh», a-t-il précisé. Il s’agit d’un projet qui a été réalisé dans le cadre du consulting avec le HCA. Un accord a été validé par Condor pour la réalisation du clavier en Algérie.

Fadila Djouder Reporters du samedi 05 novembre 2016