Treize postes budgétaires seront ouverts à la prochaine rentrée scolaire pour l’enseignement de tamazight à Skikda. Ces nouveaux postes feront partie des 300 prévus à l’échelle nationale.
Ainsi treize classes d’enseignement de tamazight seront ouvertes dans cette wilaya pour la saison scolaire 2018/2019, une classe dans chacune des daïras de la wilaya, a précisé le directeur de l’éducation de Skikda, Abdallah Mourad. Ce responsable s’exprimait lors du passage du Secrétaire général du Haut-commissariat à l’amazighité (HCA) Si El Hachemi Assad à Skikda, les 26 et 27 mai, à l’occasion du 23e anniversaire de la création de cette institution.
Outre des classes de tamazight, il a été décidé lors de cette journée l’ouverture d’une section d’alphabétisation en langue berbère ainsi que l’affectation d’un siège à l’association Izourane (racines) pour poursuivre ses activités dans de meilleures conditions et continuer l’œuvre de « socialisation » de tamazight. Un terme désormais consacré pour désigner l’objectif fixé par le HCA dans le cadre de la feuille de route qu’il s’est assigné pour les années à venir, en plus de la revendication d’un enseignement de tamazight non plus facultatif mais obligatoire avec des coefficients persuasifs pour bien suivre ses cours en classe.
L’association Izourane, a-t-on appris, devrait bénéficier du budget réservé par la présidence de la République pour le soutien au mouvement associatif culturel amazigh « à condition de développer un programme de promotion du tamazight », a prévenu Si El Hachemi Assad, qui a indiqué qu’il existe aujourd’hui 914 associations culturelles amazigh à l’échelle nationale. Elles devraient être le fer de lance de ce travail de socialisation, a-t-on compris de l’intervention du Secrétaire général du HCA. Il a plaidé, on le sait, pour la généralisation de la graphie tifinagh sur les façades et les frontons des établissements officiels de la République « pour faciliter l’adaptation et la familiarisation des citoyens avec la langue » dans les régions où elle n’est pas pratiquée notamment.
En ce qui concerne l’éducation scolaire, l’enjeu fondamental, outre la généralisation de l’enseignement de la langue, est l’introduction dans les programmes d’histoire une part une plus importante à l’amazighité. « 80% des programmes n’abordent pas la dimension amazighe de l’histoire algérienne », a déploré Si El Hachemi Assad, invitant à faire mieux connaître les grandes figures de l’Algérie à l’instar de Massinissa, Jugurtha et Syphax. Il a proposé dans ce contexte au président de l’APC de Skikda l’édification d’une statue à la mémoire de Jugurtha à l’instar de celle de Massinissa qui sera érigée «prochainement » à Alger.
A Skikda, nous dira Amira Boudibi, présidente de l’association Izourane, il y a des initiatives destinées à l’éveil du fonds amazigh qui se manifeste dans la région par la toponymie et les noms des lieux-dits. Elles se caractérisent également par des « initiatives citoyennes » qui voient le jour dans un cadre organisé. Il en est ainsi de l’inauguration d’un club d’enseignement de la langue amazighe aux adultes et enfants au sein de la maison de la culture Mohamed-Seradj de Skikda. Un constat auquel adhèrent « pleinement » les Mozabites venus participer au débat qui a eu lieu le premier jour de la visite du Secrétaire général du HCA avec la société civile au Palais de la culture de la ville. La scène la plus forte et la plus émouvante a été le cours modèle, donné en présence du wali à des écoliers qui recevaient pour la première fois de leur vie une leçon de tamazight.