Initiée par le Haut commissariat à l’Amazighité (HCA), la Journée de l’amazighité s’est déroulée jeudi dernier au 21e Salon International du Livre d’Alger, à la salle Ali-Maachi, en présence de plusieurs experts, linguistes et auteurs en langue amazighe. Les intervenants, comme Djoher Amhis-Ouksel, Nora At Brahim ou encore Mhammed Djellaoui ont présenté, tout au long de cette journée dédiée à la langue et l’identité amazighe, leur nombreux travaux qui visent à préserver et unir, sur le long terme, les différentes composantes de cette langue millénaire, comme taqbaylit, tachelhit ou encore taznatit. Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, est revenu, lors du coup d’envoi de cette journée, sur le programme éditorial du Haut Commissariat à l’Amazighité, qui a vu plus d’une trentaine de titres et dix lexiques être coédités cette année, en collaboration avec l’OPU et la maison d’édition «Voir par le Savoir». Ces partenariats visent, selon le secrétaire général, à donner plus de visibilité au livre en tamazight. Aussi selon le responsable, le HCA envisage, en collaboration avec l’Office national des droits d’auteur et des droits voisins (Onda), la réglementation du programme éditorial de l’institution afin de protéger l’œuvre intellectuelle. Par ailleurs, les lexiques des universitaires Mohamed Salem Benzaïd et Samir El-Arifi, respectivement «Amawal n tmazigh-taznatit» et «Tamazight de l’Atlas blidéen», on été présentés par leurs auteurs, qui ont insisté sur l’extrême urgence de préserver le tamazight. «Notre parlé est en danger», a proclamé M. El-Arifi. Et d’ajouter : «On doit dépasser les querelles sur les dénominations, et travailler sur notre langue qui est mourante.» S’agissant du parlé de l’Atlas blidéen, le lexicologue a précisé que ce dernier est riche, car constitué des parlers des nombreuses régions environnantes. Avec une amertume palpable, l’auteur a déclaré qu’il ne restait désormais plus qu’une dizaine de locuteurs en tamazight dans toute la région, et qu’il craignait sa disparition imminente si rien n’est fait pour la préserver. De son côté, le fils de Timimoun, Mohamed Salem Benzaïd, qui présentait «Amawal n tmazight-taznatit», est revenu sur la langue utilisée dans la région de Tigourarine, le taznatit, en faisant le même constat que son prédécesseur : l’urgence de préserver cette langue qui commence à disparaître. Aussi, pour M. Benzaïd, la perte du taznatit signifierait «la perte de tout le patrimoine de la région.» L’universitaire a révélé, en outre, que l’élaboration de son lexique est née après une discussion avec des gens de la Kabylie qui ne comprenaient pas le taznatit, c’est alors qu’il a eu l’idée de consacrer son ouvrage à sa langue maternelle, en insistant sur l’obligation de réunir les différents parlers berbères.

Yasmine Azzouz Liberté du samedi 05 novembre 2016