Sans la traduction des oeuvres grecques, indiennes et persanes, la civilisation musulmane n'aurait pas pris son essor, et sans les traductions des oeuvres arabes en latin, puis dans les langues européennes, la révolution scientifique et technologique du monde moderne n'aurait pas lieu. Aujourd'hui, on traduit non seulement les livres mais aussi les films et, dans les réunions on recourt à la traduction simultanée : la langue n'est plus un frein, on peut communiquer librement, échanger des connaissances, établir des contacts… La traduction fournit également une aide précieuse au développement des langues. Les exemples ne manquent pas dans l'histoire : les traductions des oeuvres philosophiques grecques ont aidé l'arabe à se doter, par emprunts et surtout par calque, d'un vocabulaire spécialisé. L'anglais s'est enrichi des influences extérieures, l'allemand est devenu une langue standard avec la traduction de la Bible, l'émergence d'une langue vernaculaire suédoise s'est faite avec la christianisation et la traduction des Écritures… Durant la période de la nahda (renaissance culturelle), la littérature arabe s'est largement inspiré des oeuvres traduites occidentales pour renouveler ses genres et ses thèmes. Dans les langues émergentes d'aujourd'hui, en Afrique et en Asie, se nourrissent des traductions. En berbère, le mouvement de traduction est encore timide : juste quelques textes qui n'ont qu'une audience limité. Pourtant, la langue aurait gagné en notions et en concepts, en intégrant des emprunts et en formant, par calque, des néologismes. L'objectif de ce colloque est de susciter une réflexion sur la traduction et son apport au développement de la langue berbère, au plan linguistique et de la civilisation.