Allocutions
Mesdames et Messieurs, honorable assistance
Le Haut Commissariat à l’Amazighité célèbre, comme à l’accoutumée, le double anniversaire du printemps de 1980 et des événements tragiques de 2001 avec davantage de fierté et d'enthousiasme qu'à l'habituel, au regard des perspectives d'essor ouvertes à tamazight par l’action institutionnel que mène le HCA depuis des années en amorçant un processus de constitutionnalisation officielle et en œuvrant à édifier un principe d’équité de tamazight aux côtés de nos autres constantes nationales que sont l'Islam et la langue arabe.
Aujourd’hui il ya une prise de conscience de nos concitoyens de se réapproprier et développer la langue des ancêtres qui nous arrime à la sagesse millénaire de nos aïeux. Tamazight a atteint quelques-uns de ses objectifs et continue à en réaliser d’autres et ce, grâce au militantisme pacifique et patriotique de générations successives. Rendons hommage à ceux qui ont milité depuis des années. Capitalisons leur combat, car y en a qui nous ont quitté (Paix à leur âme).
Mesdames et Messieurs, honorable assistance
Le 20 Avril, en tant que catalyseur d'aspirations identitaires légitimes des citoyens et creuset d'une victoire d’étape déterminante, arrachée de haute lutte par eux, est conforté aujourd’hui par la reconnaissance de l’amazighité comme dimension inaliénable de l’Algérie et par l’action du HCA qui désormais dispose d’une expérience établie et reconnu dans le domaine de la valorisation et de la promotion de la langue et de la culture amazighes. Notre institution n'a eu de cesse d'affiner son travail mené avec rigueur, patience et constance pour, maintenant, pouvoir tenir compte et répondre des/aux exigences du terrain.
Loin de toute euphorie mais dans l'objectivité requise, cette avancée ne peut qu'être saluée et fructifiée pour ce qu'elle offre de conditions plus favorables et de voies mieux appropriées pour l’entame des vrais chantiers pour le développement et la promotion de tamazight. Au delà de cet acquis et loin de toutes querelles et discordances futiles et dérisoires au regard des enjeux, c'est l'immensité du travail restant à accomplir qui doit nous rassembler. Aucune ressource n'est à négliger à quelque niveau que ce soit. Toutes nos énergies, nécessairement complémentaires, sont à utiliser pour l'atteinte de l'objectif partagé : conférer dans notre pays à tamazight (langue et culture) la place légitime qui lui revient de droit.
Mesdames et Messieurs, honorable assistance
Le moment est venu, à la faveur du long et appréciable processus d’accumulation scientifique, autre acquis important engrangé, d'amorcer la dynamique d'affirmation de tamazight dans sa dimension académique la plus féconde, avec la caution des compétences désormais attestées et avérées dans ce domaine. Le HCA, pour sa part, est d'ores et déjà engagé dans l'édification de la nouvelle étape résultant d’une vraie officialisation de tamazight, sachant qu'il devra essentiellement contribuer à la mise sur rails des projets structurants et d’avenir qui engagent le destin de tamazight, langue et patrimoine de tous les algériens, en la propulsant vers la modernité.
Dans sa démarche, le HCA compte poursuivre et approfondir sa riche collaboration en synergie avec, notamment, son réseau universitaire algérien pour atteindre des objectifs cardinaux tels que, d'une part, doter tamazight des outils scientifiques et matériels nécessaires et adaptés et, d'autre part, assurer le rayonnement de l'amazighité sur l’ensemble du territoire national, sans exclusion aucune. Nul ne pourra douter que la réhabilitation de la dimension amazighe de la nation algérienne est de nature à en consolider les fondements qui auront pour pierre d’achoppement notre unité nationale.
Pour terminer en apothéose ces festivités, le HCA ouvre la voie d’un partenariat fructueux avec l’Académie Africaine des Langues (ACALAN). Nous sommes désormais membre du comité scientifique et technique de cette institution académique africaine d’où ma participation personnelle à la dernière réunion qui s’est tenue à Brazzaville (Congo) du 3 au 6 Avril 2019.
Ce premier jalon est donc significatif pour nous car il est orienté vers un projet qui consiste en la mise en place d’une commission des Langues Transfrontalières Véhiculaires parmi lesquelles Tamazight, au sujet de laquelle une proposition de noms de compétences est déjà communiquée par nos soins.
Madame la Ministre,
Monsieur le Directeur Général d’Algérie Poste,
Monsieur le Directeur du Centre International de Presse,
Mesdames et Messieurs de la Presse nationale,
Honorable invités,
Je vous souhaite une cordiale bienvenue.
Mesdames et Messieurs, Honorable assistance,
En cette occasion de commémoration de l’an premier de l’officialisation constitutionnelle de tamazight, permettez-moi d’accentuer l’ouverture de cet évènement sur la mise en contexte de la stratégie de réhabilitation et de la promotion de la langue amazighe.
Mais avant, je souhaite commenter devant la Ministre, l’importance de marquer cet événement par une oblitération d'un timbre-poste.
La PHILATELIE est incontestablement un marqueur identitaire d’un pays et représente pour le citoyen une fenêtre ouverte sur l’extérieur qui permet de faire connaitre et informer, voire apprécier en découvrant les facettes multiples de notre patrimoine linguistique et culturel. N’est ce pas là l’opportunité de saluer cette prouesse réalisée par ALGERIE POSTE, désormais partenaire du HCA, depuis janvier 2017 ?.
Pour nous, l’officialisation se concrétise chaque jour un peu plus dans l’élaboration de documents palpables et de pièces physiques qui, sont autant de phares et de pierres fondatrices pour les générations futures.
Madame la Ministre,
Merci de marquer avec nous, cette célébration avec la mise en vente aujourd’hui d’un premier timbre qui symbolise l’ancrage national de tamazight, socle commun de tous les algériens.Je tiens à vous féliciter également pour les initiatives prises en faveur de la promotion de tamazight et enfin Merci de l’engagement affiché pour accompagner des projets pilotes en multimédias et des dictionnaires en ligne dans le cadre du dispositif « recherche » introduit par votre département Ministériel.
Mesdames et Messieurs, Honorable assistance,
Aujourd’hui et en cette occasion, il est nécessaire de recadrer le débat sur la nécessite d’une complémentarité entre le HCA et la future académie. Nos fondements font référence :
1-aux réels espoirs et décrispation politique et sociale suscités par cette officialisation;
2-à l'instauration d'une nécessaire concertation entre toutes les parties concernées par la préparation du cadre juridique d'application, dont celui portant création de l'Académie Algérienne de la Langue Amazighe ;
3-à l'appréciation dynamique des prérogatives et organisation actuelles du Haut Commissariat à l'Amazighité qui agit dans "l'horizontalité" de la préservation et de la promotion de la langue et de la culture amazighes dans toutes leurs dimensions et variantes ;
4-aux attributions de l'Académie qui, elle, interviendra dans "la verticalité" du domaine scientifique et technique, normatif et pédagogique de la langue amazighe.
Mesdames et Messieurs, Honorable assistance,
Dans ses relations avec toutes les institutions et organismes concernés et avec le HCA en particulier, l'Académie est naturellement appelée, dans la complémentarité et l'interaction, à puiser tout élément susceptible de soutenir ses travaux et d'enrichir in fine la langue, son domaine spécifique.
Eu égard à l'important capital d’expérience qui est le sien, le Haut Commissariat à l’Amazighité collaborera efficacement avec l’Académie pour l’initiation de projets communs dans des domaines variés comme la recherche, l’enseignement, la traduction, l'édition, les manifestations scientifiques et culturelles.
Mesdames et Messieurs, Honorable assistance,
Aujourd’hui, il est impératif de préciser que l’officialisation constitutionnelle de tamazight depuis une année, nous interpelle et nous incite à réaliser d’abord et à court terme trois (3) objectifs : La socialisation de tamazight, la généralisation de celle-ci sur l’ensemble du territoire national et la mise en conformité des textes avec la nouvelle donne constitutionnelle.
D’un point de vue pragmatique, nous considérons qu’il est possible dès cette année d’assurer la pose de jalons importants pour la mise en place des dispositifs de traduction auprès des institutions. Exemple la future Assemblée Populaire Nationale.
2017 c’est aussi l’année pour entamer le processus de réajustement et mise en conformité des textes juridiques avec la nouvelle constitution. Une loi organique est en gestation et mérite une large concertation.
2017, c’est aussi l’étape de la consolidation de la dynamique de travail développée par le HCA avec les différents ministères. Notre plaidoyer est de raviver le comité interministériel (CIM) qui s’est tenu qu’une seule fois en 1996.Soit une année après la création de notre institution en Mai 1995.
Mesdames et Messieurs, Honorable assistance
Le HCA qui aspire à renforcer ses prérogatives et étoffer son staff par des compétences pluridisciplinaires, seule institution qui dispose d’une expérience avérée et qui n’est plus à démontrer dans le domaine de la valorisation, de la promotion de la langue et de la culture amazighes. Le HCA est en mesure de répondre, avec son organisation, ses experts-consultants, ses capacités d’exécution et son capital expérience, aux exigences pratiques de cette officialisation de la langue amazighe. Il travaillera en synergie avec les différents départements ministériels et avec son réseau universitaire qui se renforce et s’élargie d’année en année.
Mesdames et Messieurs, Honorable assistance,
Pour clore je renouvelle mes remerciements à Mme la Ministre pour sa disponibilité et engagement pour la promotion de tamazight.
Le Mot de Si El Hachemi ASSAD Secrétaire Général du HCA
Ain Timouchent, ce lieu qui tire son nom de tamazight (Touchent (« La chacale ») est un toponyme toujours vivant avec son substrat de base libyco-berbère. Cette localité est donc choisie pour abriter les travaux d’un colloque international de haute facture scientifique, intitulé «Le Royaume des Massaessyles : Syphax et la rencontre de SIGA , 206 AV.JC » ; organisé par le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) avec le soutien de l’operateur téléphonique MOBILIS et se déroulera du 22 au 24 septembre 2018.
Cette rencontre scientifique mobilisera un panel d’historiens et d’archéologues nationaux et étrangers venant de différentes universités du pays, de Tunisie, du Soudan, de Grèce, de France... Elle s’inscrit dans la démarche de la reconnaissance, de l’exploitation et de la vulgarisation de l’Histoire antique de notre pays.
Avec ce colloque, on entend engager une réflexion plus approfondie entre les uns et les autres en vue d’échanger, de confronter leurs travaux et croiser leurs points de vue sur une période phare du royaume des Massaessyles en vue de mettre en lumière, pour la première fois, un pan assez méconnu de notre Histoire par la mise en exergue du rôle joué par Syphax lors de « La rencontre de SIGA » en l’an 206 Av. JC.
Ce vaste chantier scientifique, vise également la maitrise de l’histoire culturelle, sociale et politique de la période Numide qui doit être considérer comme source d’inspiration et de fierté pour notre jeunesse. Autant de connaissances que l’on se doit de recueillir de nos archéologues et historiens afin de combler les lacunes des générations actuelles au sujet de l’histoire de cette période, ce qui participera sans doute à l’enrichissement de la connaissance relative à un segment phare de notre personnalité et mémoire.
Pour compléter et vulgariser cet effort d’ordre scientifique, nous mettons à la disposition du grand public une grande exposition pédagogique sur les Numides et les Maures en Afrique centrale. Elle sillonnera durant le mois de septembre des établissements scolaires et de formation professionnelle.
Présentation du colloque Par Si El Hachemi ASSAD, Secrétaire Général du HCA
La ville de Jijel abrite les travaux d’un colloque de haute facture scientifique les 25, 26 et 27 juillet 2015 placé sous le thème « De la toponymie algérienne : du local au national». Il verra la participation d’un panel de chercheurs nationaux venant de différentes universités du pays et s’inscrit dans le prolongement du programme général lancé par le HCA.
Une réflexion s’amorcera, lors de ce colloque, sur le sens des toponymes dans les différentes langues qui se sont succédé sur l’espace nord africain et ont participé à leur formation, durant diverses périodes historiques. Ces toponymes nous transmettent les vestiges des langues qui ont disparu de notre usage et les reliques que nous utilisons encore de nos jours.
La question principale est donc de savoir comment est géré actuellement ce riche et précieux patrimoine toponymique légué par un plurilinguisme permanent.
Sur un autre registre, la toponymie de l’Afrique du Nord reflète les visées des conquérants qui ont occupé cette terre fertile et riche. Elle nous renseigne sur leurs différents enjeux idéologiques et identitaires à travers les strates linguistiques qu’elle mobilise et les modifications que chaque conquérant imprime aux toponymes.
Le rapport organique entre toponymie et anthroponymie et les grands changements dans le corpus onomastique sont une source authentique qui nous renseigne de façon fiable sur la vie des ancêtres et l’évolution synchronique de leur (s) langue(s). Il révèle les ruptures dans l’écoulement continu de l’histoire du pays, des origines à l’ère contemporaine.
Les toponymes authentiques, attribués par les autochtones, contribuent efficacement à la préservation des éléments identitaires des différents groupes sociaux. Ils ressoudent les maillons de son histoire culturelle et constituent un matériau original qui participe à l’aménagement de la langue (ou des langues) du pays.
Il est à constater qu’en synchronie, les toponymes de substitution et les endonymes attribués par les services publiques sont des nominations sans ancrage au sol ni dans l’histoire lointaine. Ils obéissent, essentiellement à des impératifs de l’heure.
Aujourd’hui, il est important de faire le point des travaux sur le sujet et introduire de nouveaux axes de recherche sur les multiples voies d’exploitation de la connaissance sur les toponymes.
Certes, des études ont été faites par des chercheurs universitaires dans notre pays et ailleurs, mais n’ont pas toujours été confrontées. Cette prise de contact utile sera possible et effective à Jijel. En effet, l’objectif de ce colloque est d’inviter à une réflexion plurielle et approfondie des uns et des autres pour confronter leurs travaux et croiser leurs points de vue sur cette problématique proposée par le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA).
De quelle façon célébrer un poète ? Comment faire pour ne jamais l’oublier ? Qui doit se charger de perpétuer son combat ?
A mon sens la meilleure façon de célébrer un poète est de lire sa poésie, de l’apprendre, de la traduire dans d’autres langues, de la réciter, de la déclamer à tue-tête, de la chanter et, le plus beau, de la faire aimer.
Pour ne pas l’oublier il faudrait d’abord bien cerner ce pour quoi il s’est battu toute sa vie, et ce pourquoi il est mort. Une fois l’objet compris, assimilé, faire en sorte de se l’approprier pour en faire à notre tour notre idéal.
Ce même idéal une fois expliqué à la génération montante ne pourra que plaire car les poètes ont toujours bon gout, ainsi de génération en génération son combat ne cessera que le jour de la victoire éclatante !
Un bref survol de la poésie de Lounes nous renseigne sur ce que fut son combat : sa culture, sa langue, sa terre, sa patrie.
Habité par l’union du peuple Amazigh on retrouve couramment dans sa poésie ce cri déchirant qui résonnait à ses oreilles et qui retentit encore, car comme il le disait lui-même «Mazal e ssut iw ad yeba3zeq». Un appel lancé par le Djurdjura en direction de l’Aurès. Toute son œuvre est teintée de ce cri.
Il était aussi hanté par le rêve de voir l’union des montagnes du Hoggar jusqu’a l’Aurès « seg hoggar alama d l’uris idurar ad rmimzen ».
Au jour d’aujourd’hui, Lounes a fait de lui-même, par la force de son verbe la plus grande partie du travail : il est l’idole des jeunes qui n’étaient même pas nés le jour de sa mort ! Il nous reste à mieux comprendre, à compulser, à expliquer et à traduire son œuvre.
L’immensité de l’homme l’a rendu présent presque eternel. La mort n’a pas pu nous le ravir, elle la rendu plus grand ! À nous de faire le reste !
Nous devons profiter de cette occasion pour faire un bilan et nous poser la question de savoir que reste-t-il à faire ? Question salutaire et urgente pour entamer d’autres travaux sérieux, durables et persistants en dehors des polémiques stériles.
Matoub Lounés mérite mieux que des querelles de quartiers et je suis certain que même en dedans sa tombe il continue à être dangereux pour tous ceux qui essaieraient de le manipuler ! De son vivant il disait : « je suis une grenade dégoupillée aux mains de ceux qui veulent me manipuler ». Aujourd’hui la puissance de sa poésie, sa constance est là pour contredire tous ceux qui voudraient faire de lui un élément de discorde et de division.
Il a vécu pour sa culture et pour Tamazight, il en est mort, il continue de vivre dans des millions de cœurs dans le monde et en particulier en Tamazgha toute l’Afrique du nord qu’il a rêvée de voir unie !